mercredi 27 avril 2016

Sanctifier et prendre soin de la Terre


Le 31 mars 2016,  Sœur Maureen la supérieure générale et des Sœurs Congolaises, une quinzaine, sont partie  pour  assister à la cérémonie de transfert de pouvoirs sur le  terrain d’un propriétaire à l’autre, selon la culture et la coutume du lieu.
 En effet, il y a plusieurs années,  les Sœurs de Sainte Marie du  Congo ont acheté un terrain  de 100 ha, à kipuka, un secteur à 20 km de Kikwit. Leur intention était de déplacer leur Kraal qui se trouve à 50 km de Djuma dans le village Ngunu, et d’utiliser le terrain comme une sorte de ferme pour la province ; ce qui leur permettrait de planter du manioc, des légumes et beaucoup d’arbres fruitiers et, . Il sera  également  le terrain sur lequel elles élèveraient  non seulement des vaches, mais aussi des poules, des chèvres et des moutons. L'achat de la terre et des vaches a été financé par le Luxembourg.



Le notable du clan  qui avait vendu la terre aux Sœurs, était venu, accompagné de plusieurs autres autorités… Pour conclure la vente d’un terrain selon la coutume, il est important d’invoquer les ancêtres à qui cette terre avait appartenu, leur assurer que l’achat a été fait selon les règles et que la terre allait être transférée à de nouveaux propriétaires. Impressionnante et touchante cérémonie pour ceux  qui étaient  sur place !

D’abord, c’était nécessaire de trouver une noix de cola et du malafu  (du vin de palme). Une fois ceux-ci  disponibles, nous nous sommes rassemblés près du kraal. L’ancien propriétaire a creusé un trou, il y a placé cérémonieusement la noix de cola et y a versé un  peu de malafu.
Dans un beau discours plein de gentillesse et de tendresse, il s’est adressé à ces  ancêtres leur disant que les Sœurs avaient acheté la terre selon  la loi et que désormais, celle-ci n’appartenait plus à leur famille. Il leur a demandé, comme anciens propriétaires de ne pas souhaiter du mal aux Sœurs ni leur porter préjudice mais plutôt de bénir leurs efforts de rendre cette terre fertile.

Ensuite ceux  qui étaient présents, se sont  baissés, avaient touché le sol qui avait reçu la noix de cola et le malafu afin de manifester leur accord avec tout ce qui venait d’être demandé aux ancêtres.










Dans une procession  jubilante, l’assemblé s’est dirigé vers l’endroit où les Sœurs avaient préparé l’autel. Un  prêtre jésuite, Père Paul, a célébré l’Eucharistie pour tout le monde. Il a commencé par attirer l’attention sur tous les animaux déjà présents en train de déambuler sur le terrain. La lecture du livre de la Genèse a rappelé la responsabilité envers la terre et toutes les créatures qui l’habitent. Les chants de la liturgie parlaient des merveilles et de la beauté de la création. L’Eucharistie christianisait ainsi l’ancienne coutume concernant le transfert d’un terrain : deux mondes, deux  traditions prises ensemble dans  une grande harmonie.






Après la célébration eucharistique, tout le monde a  partagé un diner festif dans lequel un bouc et une poule élevées à la ferme ont été intégrées dans le menu du jour.
Excitation et joie imprégnaient la célébration, spécialement pour les Sœurs ayant la certitude que dorénavant la terre a été bénie et leur est acquise en bonne et due forme.
La célébration s’est terminée par des embrassades chaleureuses et l’encouragement des anciens propriétaires pour que les sœurs apportent vie et nourriture à Kipuka, grâce à ce terrain qui leur avait appartenu.

Au moment où tout le monde se préparait  à rentrer à Kikwit, les septante quatre bêtes revenaient de leur journée de pâturage. Le bruit de vigoureux sabots, en entrant dans le kraal, était la confirmation tangible de l’espérance qui avait rempli notre journée.

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