Le 31 mars 2016, Sœur Maureen la supérieure
générale et des Sœurs Congolaises, une quinzaine, sont partie pour assister à la cérémonie de transfert de
pouvoirs sur le terrain d’un
propriétaire à l’autre, selon la culture et la coutume du lieu.
En effet, il y a plusieurs années, les Sœurs de Sainte Marie du Congo ont acheté un terrain de 100 ha, à kipuka, un secteur à 20 km de
Kikwit. Leur intention était de déplacer leur Kraal qui se trouve à 50 km de
Djuma dans le village Ngunu, et d’utiliser
le terrain comme une sorte de ferme pour la province ; ce qui leur
permettrait de planter du manioc, des légumes et beaucoup d’arbres fruitiers et, . Il sera également le terrain sur lequel elles élèveraient non seulement des vaches, mais aussi des
poules, des chèvres et des moutons. L'achat de la terre et des vaches a été
financé par le Luxembourg.
Le notable du clan qui avait vendu la terre aux Sœurs, était
venu, accompagné de plusieurs autres autorités… Pour conclure la vente d’un
terrain selon la coutume, il est important d’invoquer les ancêtres à qui cette
terre avait appartenu, leur assurer que l’achat a été fait selon les règles et
que la terre allait être transférée à de nouveaux propriétaires. Impressionnante
et touchante cérémonie pour ceux qui étaient sur place !
D’abord, c’était nécessaire de
trouver une noix de cola et du malafu (du
vin de palme). Une fois ceux-ci
disponibles, nous nous sommes rassemblés près du kraal. L’ancien
propriétaire a creusé un trou, il y a placé cérémonieusement la noix de cola et
y a versé un peu de malafu.
Dans un beau discours plein de
gentillesse et de tendresse, il s’est adressé à ces ancêtres leur disant que les Sœurs avaient
acheté la terre selon la loi et que
désormais, celle-ci n’appartenait plus à leur famille. Il leur a demandé, comme
anciens propriétaires de ne pas souhaiter du mal aux Sœurs ni leur porter
préjudice mais plutôt de bénir leurs efforts de rendre cette terre fertile.
Dans une procession jubilante, l’assemblé s’est dirigé vers
l’endroit où les Sœurs avaient préparé l’autel. Un prêtre jésuite, Père Paul, a célébré
l’Eucharistie pour tout le monde. Il a commencé par attirer l’attention sur
tous les animaux déjà présents en train de déambuler sur le terrain. La lecture
du livre de la Genèse a rappelé la responsabilité envers la terre et toutes les
créatures qui l’habitent. Les chants de la liturgie parlaient des merveilles et
de la beauté de la création. L’Eucharistie christianisait ainsi l’ancienne coutume
concernant le transfert d’un terrain : deux mondes, deux traditions prises ensemble dans une grande harmonie.
Après la célébration eucharistique, tout
le monde a partagé un diner festif dans
lequel un bouc et une poule élevées à la ferme ont été intégrées dans le menu
du jour.
Excitation et joie imprégnaient la
célébration, spécialement pour les Sœurs ayant la certitude que dorénavant la
terre a été bénie et leur est acquise en bonne et due forme.
La célébration s’est terminée par des
embrassades chaleureuses et l’encouragement des anciens propriétaires pour que les
sœurs apportent vie et nourriture à Kipuka, grâce à ce terrain qui leur avait
appartenu.
Au moment où tout le monde se
préparait à rentrer à Kikwit, les
septante quatre bêtes revenaient de leur journée de pâturage. Le bruit de
vigoureux sabots, en entrant dans le kraal, était la confirmation tangible de
l’espérance qui avait rempli notre journée.