Extrait du message du pape François pour le 1er janvier 2016
. Dieu n’est pas indifférent ! Dieu accorde de
l’importance à l’humanité, Dieu ne l’abandonne pas ! Au début de l’année
nouvelle, je voudrais accompagner de cette profonde conviction les vœux
d’abondantes bénédictions et de paix, sous le signe de l’espérance, pour
l’avenir de tout homme et de toute femme, de toute famille, peuple et nation du
monde, ainsi que des Chefs d’État et de Gouvernement et des Responsables des
religions.
Certains événements des années passées et de l’année qui
vient de s’achever m’invitent, dans la perspective de l’année nouvelle, à
renouveler l’exhortation à ne pas perdre l’espérance dans la capacité de
l’homme, avec la grâce de Dieu, à vaincre le mal et à ne pas s’abandonner à la
résignation et à l’indifférence.
Les événements
auxquels je me réfère représentent la capacité de l’humanité à œuvrer dans la
solidarité au-delà des intérêts individuels,
Parmi ceux-ci je voudrais rappeler l’effort fait pour
favoriser la rencontre des leaders mondiaux, dans le cadre de la COP 21, afin
de chercher de nouvelles voies pour affronter les changements climatiques et
sauvegarder le bien être de la Terre, notre maison commune.
2015 a été aussi une année spéciale pour l’Église, parce
qu’elle a été marquée par le 50ème anniversaire de la publication de
deux documents du Concile Vatican II qui expriment de manière très éloquente le
sens de la solidarité de l’Église avec le monde.
Le Pape Jean XXIII, au début du Concile, a voulu ouvrir tout
grand les fenêtres de l’Église pour que la communication entre elle et le monde
soit plus ouverte. Les deux documents, Nostra
aetate et Gaudium
et spes, sont des expressions emblématiques de la nouvelle relation de
dialogue, de solidarité et d’accompagnement que l’Église veut introduire à
l’intérieur de l’humanité.
, l’Église
désire instaurer un dialogue avec la famille humaine sur les problèmes du
monde, en signe de solidarité et de respectueuse affection.
Dans cette même perspective, avec le Jubilé de la
Miséricorde, je veux inviter l’Église à prier et à travailler pour que tout
chrétien puisse mûrir un cœur humble et compatissant, capable d’annoncer et de
témoigner la miséricorde, de « pardonner et de donner », de s’ouvrir « à ceux
qui vivent dans les périphéries existentielles les plus différentes, que le
monde moderne a souvent créées de façon dramatique »
Il y a de multiples raisons pour croire en la capacité de
l’humanité à agir ensemble, en solidarité, dans la reconnaissance de sa propre
interconnexion et interdépendance, ayant à cœur les membres les plus fragiles
et la sauvegarde du bien commun. Cette attitude de coresponsabilité solidaire
est à la racine de la vocation fondamentale à la fraternité et à la vie
commune.
Les guerres et les actions terroristes, avec leurs tragiques
conséquences, les séquestrations de personnes, les persécutions pour des motifs
ethniques ou religieux, les prévarications, ont marqué l’année passée du début
à la fin, se multipliant douloureusement en de nombreuses régions du monde, au
point de prendre les traits de ce qu’on pourrait appeler une « troisième guerre
mondiale par morceaux ».
Il est certain que
l’attitude de l’indifférent, de celui qui ferme le cœur pour ne pas prendre en
considération les autres, de celui qui ferme les yeux pour ne pas voir ce qui
l’entoure ou qui s’esquive pour ne pas être touché par les problèmes des
autres, caractérise une typologie humaine assez répandue et présente à chaque
époque de l’histoire.
La première forme d’indifférence dans la société humaine est
l’indifférence envers Dieu, dont procède l’indifférence envers le prochain et
envers la création. L’homme pense être
l’auteur de lui-même, de sa propre vie et de la société ; il se sent
autosuffisant, et il cherche non seulement à se substituer à Dieu, mais à le
faire disparaître complètement
L’indifférence envers le prochain prend différents visages.
Il y a celui qui est bien informé, écoute la radio, lit les journaux ou assiste
aux programmes télévisés, mais il le fait de manière tiède, presque dans une
condition d’accoutumance :
Dans d’autres cas, l’indifférence se manifeste comme un
manque d’attention vis-à-vis de la réalité environnante, surtout la plus
lointaine.
En vivant dans une maison commune, nous ne pouvons pas ne
pas nous interroger sur son état de santé, comme j’ai cherché à le faire dans Laudato
si’. La pollution des eaux et de l’air, l’exploitation sans
discernement des forêts, la destruction de l’environnement, sont souvent le
fruit de l’indifférence de l’homme envers les autres, parce que tout est lié.
Dans ces cas, et dans d’autres, l’indifférence provoque surtout
une fermeture et un désengagement, et finit ainsi par contribuer à l’absence de
paix avec Dieu, avec le prochain et avec la création.
Au niveau individuel et communautaire l’indifférence envers
le prochain, fille de l’indifférence envers Dieu, prend l’aspect de l’inertie
et du désengagement qui alimentent la prolongation de situations d’injustice et
de grave déséquilibre social
En ce sens, l’indifférence et le désengagement qui en est la
conséquence constituent un manque grave au devoir que toute personne a de
contribuer, dans la mesure de ses capacités et de son rôle dans la société, au
bien commun, en particulier à la paix, qui est l’un des biens les plus précieux
de l’humanité
Quand, il y a un an, dans le Message
pour la Journée Mondiale de la Paix, “Non plus esclaves mais frères”,
j’évoquais la première icône biblique de la fraternité humaine, celle de Caïn
et Abel (cf. Gn 4, 1-16), c’était pour attirer l’attention sur la
manière dont cette première fraternité a été trahie.
Dieu intervient alors, pour appeler l’homme à la
responsabilité à l’égard de son semblable, comme il a fait lorsqu’Adam et Ève,
les premiers parents, ont rompu la communion avec le Créateur.
De la même façon, en son Fils Jésus, Dieu est descendu parmi
les hommes, il s’est incarné et il s’est montré solidaire de l’humanité, en
toute chose, excepté le péché. Jésus s’identifie avec l’humanité : « l’aîné
d’une multitude de frères » (Rm 8, 29). Il ne se contente pas
d’enseigner aux foules, mais il se préoccupe d’elles, spécialement quand il les
voyait affamées (cf. Mc 6, 34-44) ou sans travail
(Et il agit pour mettre fin à la souffrance, à la tristesse,
à la misère et à la mort.
Jésus nous enseigne à être miséricordieux comme le Père .
La miséricorde est le cœur de Dieu. Elle doit donc être
aussi le cœur de tous ceux qui se reconnaissent membres de l’unique grande
famille de ses enfants ; un cœur qui bat fort partout où la dignité humaine –
reflet du visage de Dieu dans ses créatures – est en jeu. Jésus nous avertit :
l’amour pour les autres – les étrangers, les malades, les prisonniers, les
sans-domicile-fixe, même les ennemis – est l’unité de mesure de Dieu pour juger
nos actions. De cela dépend notre destin éternel.
Voilà pourquoi « il est déterminant pour l’Église et pour la
crédibilité de son annonce de vivre et de témoigner elle-même de la
miséricorde.
Ainsi, nous aussi, nous sommes appelés à faire de l’amour,
de la compassion, de la miséricorde et de la solidarité un vrai programme de
vie, un style de comportement dans nos relations les uns avec les autres. Cela
demande la conversion du cœur : c’est à dire que la grâce de Dieu transforme
notre cœur de pierre en un cœur de chair (cf. Ex 36, 26), capables de
s’ouvrir aux autres avec une solidarité authentique. Cela en effet, est
beaucoup plus qu’un « sentiment de compassion vague ou d’attendrissement
superficiel pour les maux subis par tant de personnes, proches ou lointaines »
Dans l’esprit du Jubilé de la
Miséricorde, chacun est appeler à reconnaître comment l’indifférence se
manifeste dans sa propre vie, et à adopter un engagement concret pour
contribuer à améliorer la réalité dans laquelle il vit, à partir de sa propre famille,
de son voisinage ou de son milieu de travail.
Je confie ces réflexions, ainsi que mes meilleurs vœux pour
la nouvelle année, à l'intercession de Marie, la Très Sainte, Mère attentive
aux besoins de l'humanité, afin qu'elle obtienne de son Fils Jésus, Prince de
la Paix, d’exaucer nos supplications et de bénir notre engagement quotidien
pour un monde fraternel et solidaire.
Du Vatican, le 8 décembre 2015
Solennité de l'Immaculée Conception de la Bienheureuse Vierge Marie
Ouverture du Jubilé extraordinaire de la Miséricorde
Solennité de l'Immaculée Conception de la Bienheureuse Vierge Marie
Ouverture du Jubilé extraordinaire de la Miséricorde
FRANCISCUS
Bonne année 2016.
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